Tiffauges

Descendre en une œuvre comme on pénètre dans les profondeurs de la terre, sauf que dans ce cas, l’exploration était aussi forestière, aérienne, céleste. J’ai suivi, fascinée, les pas du géant et de l’ogre Tiffauges, assisté sans presque y croire à ses métamorphoses, ensorcelée comme Hansel et Gretel par la lente plénitude de cette écriture qui attire irrésistiblement vers ce que l’on devine être un monde mystérieux, chtonien, intense. Je me rappelle avec exactitude l’heure de l’éblouissement, le sentiment d’être guidée vers une révélation, de pénétrer de l’autre côté d’une vie qui était en papier, mais bruissait dans le corps, ces heures au cœur du silence, à tourner les pages, dans la mécanique solaire d’une langue somptueuse qui se faisait à son tour phorie pour happer l’autre vers elle. Ces heures de découverte de la vie, où l’on expérimente la ténébreuse intensité de sensations jamais connues, où l’on devine que l’on a quitté ses ancienne amarres pour s’en aller vers un ailleurs. Ces heures où on laisse sa dépouille d’être jeune et innocent pour devenir adulte, regarder sans ciller la lumière et la cruauté en face. Je me souviens du Roi des Aulnes.

© Hélène Gestern / Editions Arléa – 2017

Scarlatti • Le Roi des Aulnes (Michel Tournier)• Le Ravissement de Lol V. Stein • Océanique (Marguerite Duras • The Great Singer (Nina Simone) • Promenade en forêt (Julien Gracq) • Yumeji’s Theme  (Wong Kar Wai) • Quelques raisons d’aimer Annie Ernaux • Voix Angélique (Angélique Ionatos) • Looking Through The Glass (Philip Glass)• Les vieilles chansons (Gilbert Bécaud) • Harem (Brigitte Fontaine) • Vox : Delphine SeyrigY’a un climat (Jean Guidoni)• Les sentiments (Noémie Lvovsky)L’homme-clarinette (Yom)Muriel Cerf • Lhasa • Chansons à surprises (Radiohead)La  Symphonie pastorale Musique de métro Regards de femmesLes BuddenbrookBizertekmlBuffet de la gareLes oiseaux bleusUn bol de soupe